Imaginons une partie d’un jeu à rôle secret dans lequel un traı̂tre se cache parmi les joueurs et dont
l’objectif pour eux est de le retrouver, comme par exemple Undercover ou bien Among Us. Avant
de voter pour éliminer un joueur, une phase de discussion a lieu durant laquelle de nombreuses
informations sont échangées de manière verbale et non verbale. Chacun va alors prendre une
décision quant au joueur qu’il pense être le traı̂tre, c’est-à-dire qu’il évalue le degré de culpabilité
des autres joueurs en fonction de ces différentes informations.
On peut modéliser de telles situations sous la forme d’un graphe d’argumentation abstraite [1] :
ce formalisme logique permet de représenter et de raisonner sur des informations contradictoires.
Pour cela, ces informations sont représentées sous la forme d’un ensemble d’éléments abstraits
appelés arguments. Pour représenter un conflit entre arguments, on utilise une relation binaire
appelée relation d’attaque. Il est ensuite possible, par l’intermédiaire de règles, de déterminer des
ensembles d’arguments acceptables collectivement.
De nombreuses extensions ont été proposées depuis les travaux de Dung afin d’améliorer la
représentativité de ce formalisme. Dans ce projet, on s’intéresse aux systèmes d’argumentation
bipolaire pondérée (QBAF) [2] qui ajoutent une relation binaire supplémentaire, appelée support,
ainsi qu’une force, représentée par un coefficient numérique, aux différents arguments. Dans
ce formalisme, une méthode pour déterminer l’acceptabilité des arguments du modèle est de
calculer un score, ou degré d’acceptabilité, à l’aide d’une fonction que l’on appelle une sémantique
graduelle. Le choix de cette fonction est essentiel car c’est elle qui représente le “raisonnement
argumentatif”. L’objectif du projet est d’étudier en particulier deux familles de sémantiques
graduelles : les sémantiques modulaires [3] et les sémantiques agrégatives [4].
L’objectif principal du projet est de comparer empiriquement les résultats fournis par ces deux
familles de fonctions sur différents graphes d’argumentation bipolaire pondérée. Cela nécessite
d’implémenter ces différentes sémantiques mais également de générer ces graphes d’argumentation.
Une implémentation des sémantiques modulaires existe déjà et est disponible dans un git1 .
Outre la prise en main de ce code, une première étape du projet sera donc d’implémenter différentes
sémantiques agrégatives. Cela passera principalement par l’implémentation de différentes fonc-
tions d’agrégation [5], permettant de combiner les degrés d’attaque, de support et de force des
arguments. Cela prendra la forme d’une librairie permettant d’ajouter et d’utiliser facilement de
nouvelles fonctions de façon à ce que de nouvelles sémantiques agrégatives puissent être testées.
La deuxième étape consistera à permettre d’effectuer une comparaison quantitative en générant
un grand nombre de QBAF de façon aléatoire, et en réfléchissant et implémentant des critères
numériques d’évaluation des résultats obtenus, mais aussi une comparaison qualitative des résultats
à l’aide de différents exemples préalablement choisis, inspirés par exemple de vos parties de jeux
(réalisées en dehors du projet bien sûr...).